Tout commence en 95 avec la grève générale contre le plan Juppé et les manifestations étudiantes. Elles ont marquées mon attrait pour ces mobilisations d’ampleur et par la suite m’ont amené à la photographie d’évènements sociaux.
Point de départ de mon professionnalisme, le projet de loi relative au travail proposé par Myriam El Khomri ministre du travail dans le gouvernement Manuel Valls en 2016.
Premier contact avec cette envie de capter ce que j’ai sentie comme un changement de doctrine, les gardiens de la paix devenant les forces de l’ordre.
Durant toutes ces années de mobilisation contre une vie injuste détournée de l’humain, où seul l’aliénation et ultra répression règne, je garde en mémoire cette force inébranlable de toutes les femmes que j’ai croisées. Étudiantes, salariées de tout horizon, syndicalistes et mères de famille qui par leur humanité et peu importe leur revendication, mettent en avant la dignité nécessaire pour donner de l’ampleur aux justes causes humanistes. Sans leurs persévérance, courage, respect, beaucoup de ces manifestations n'auraient à mon sens plus d’intérêt.
C’est la mobilisation de toute ces femmes qui me permet aujourd’hui de synthétiser et d’axer mon travail d’archive pour rendre hommage aux héroïnes inconnues.
C'est parmi les phases les plus agressives des forces de l'ordre, mettant en danger les manifestants que je ne compte plus leurs actes de bravoure pour porter assistance et même faire bloc.
Un souvenir marquant parmi tant d'autres lors d'une manifestation du 1er mai où j'ai bien failli perdre connaissance ne sachant plus comment sortir d'un nuage de gaz lacrymogène. J'étais désorienté par les explosions des GLIF4, dans ce tohubohu une dame dont le timbre de voix restera gravée a jamais, est venue m'extraire pour me mettre à l’abri.
Comment ne pas citer les journalistes photographes, membres d’associations, les Street Médics bénévoles, avocates, personnel hospitalier, enseignantes, les victimes de mutilations, les condamnée a tort. les porte-parole comme Assa Traore, Rachel Kéké.
Ces photos sont pour moi le reflet de deux états : l’un où j’ai cherché en vain la meilleure photo pour faire du spectaculaire. Et ce qui aujourd’hui m’importe le plus une sorte d’hommage pour celles qui ont tant données dans ces moments.
Comments